« Le succès de films comme La Nuit des Masques s’explique par le fait que les slahers ne coûtent pas cher et rapportent souvent beaucoup d’argent » nous expliquait un jour John Carpenter (1). Pragmatique, il se doutait bien que la rentabilité de son premier Halloween allait rapidement générer une séquelle. Occupant une nouvelle fois les postes de producteur et de scénariste avec sa collaboratrice Debra Hill, il céda cependant le poste du réalisateur à Rick Rosenthal, œuvrant pour la première fois sur un long-métrage. Ce dernier s’acquitta de sa tâche avec les honneurs, se lançant dans une méticuleuse entreprise de mimétisme qui, aujourd’hui encore, sème le trouble. En effet, tous les effets de style de La Nuit des Masques sont ici reproduits avec fidélité, sans pour autant reléguer Halloween 2 au statut de simple plagiat. Les longs plans séquence tournés en courte focale génèrent toujours autant de suspense, par le biais d’astucieux jeux d’avant et d’arrière-plans. La photographie en clairs obscurs de Dean Cundey irradie une fois de plus les panoramas urbains en Cinémascope, jouant sur les nerfs des spectateurs lorsque l’ombre cache les exactions du croquemitaine. La partition métronomique de John Carpenter et Alan Howarth rythme savamment un récit qui, à nouveau, se resserre sur une double unité de lieu et de temps. Bref, le père de New York 1997 et Fog a trouvé en Rick Rosenthal un disciple idéal, à tel point que la paternité d’Halloween 2 fut souvent attribuée à Carpenter seul.
Certes, celui-ci a lui-même mis la main à la pâte lorsqu’il décida, au vu du premier montage trop sage à son goût, d’injecter dans le métrage plus de violence (d’où un certain nombre de meurtres beaucoup plus graphiques et démonstratifs que dans La Nuit des Masques, dont le point culminant est la double attaque dans un jaccuzzi). Mais parler de co-réalisation semble cependant abusif, et ne rendrait pas justice au travail remarquable de Rosenthal. Halloween 2 commence exactement là où s’achevait le film précédent. Après avoir été abattu par le docteur Sam Loomis (Donald Pleasence), Michael Myers semblait hors d’état de nuire. Or son corps a disparu, et le psychiatre hystérique se lance à sa recherche, pistolet au poing, répétant aux fonctionnaires de police : « Je lui ai tiré six balles dans le corps, il n’est pas humain ! ».
«Je lui ai tiré six balles dans le corps, il n'est pas humain !»
De son côté, Laurie Strode (Jamie Lee Curtis) est admise à l’hôpital de la ville pour se remettre de son agression. Dans un état second, elle refuse qu’on l’endorme, comme si un pressentiment funeste la hantait. Bien sûr, ses craintes sont fondées, et le croquemitaine au masque blanc ne tarde pas à pointer le bout de son couteau dans les couloirs de l’établissement, semant la mort partout où il passe. Le climax nous réserve une surprise offrant une mise en perspective inattendue sur les relations du monstre et de sa proie. Bien souvent, Halloween 2 s’élève au même niveau artistique que son prestigieux prédécesseur, avec lequel il compose un excellent diptyque. Ce sera le seul coup d’éclat de Rick Rosenthal, ce dernier se perdant ensuite dans l’anonymat de la réalisation télévisée dont il ne sortira que furtivement, le temps d’un Halloween Résurrection très anecdotique.
(1) Propos recueillis par votre serviteur en février 1995
© Gilles Penso
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