Le premier Halloween de Rob Zombie nous avait laissé une impression mitigée, son extraordinaire première partie s’enchaînant avec une seconde moitié se démarquant sans invention du film originel de John Carpenter. Aux commandes de la séquelle, le réalisateur de The Devil’s Rejects ne se laisse plus brider par le moindre impératif commercial et signe une œuvre extrêmement personnelle, quitte à froisser les dirigeants du studio et le public qui espéraient un slasher plus traditionnel. Zombie joue d’ailleurs la carte du faux départ en faisant démarrer son Halloween 2 comme un remake du film homonyme réalisé en 1981 par Rick Rosenthal. Suite aux événements du film précédent, Laurie Strode est donc transportée d’urgence à l’hôpital, tandis que Michael Myers, que l’on croyait mort, prend la fuite en semant les cadavres sur son chemin puis revient harceler la jeune fille… Mais tout ça n’est qu’un cauchemar (très efficace en terme d’angoisse et d’épouvante, et tout à fait dans l’esprit de Carpenter), et le film redémarre réellement quelque vingt minutes plus tard. Là, nous découvrons quelles conséquences ont eu les événements du premier Halloween sur les personnages centraux du drame. Laurie Strode, la gentille et chaste baby-sitter, s’est muée en bad girl balafrée qui tapisse sa chambre de posters d’Alice Cooper, arbore des looks punk-rock et débite un « fuck » tous les trois mots.
Cette métamorphose physique et psychologique, avouons-le, est extrêmement caricaturale, et demeure l’un des seuls vrais points faibles du film, d’autant que Scout Taylor-Compton demeure une énorme erreur de casting (Jocelin Donahue, l’héroïne de The House of the Devil, eut été une parfaite Laurie Strode). Le docteur Loomis, quant à lui, s’est mué en véritable superstar. Auteur d’un best-seller sur le « cas » Michael Myers, conférencier, invité de plateaux télévisés, il a troqué sa bienveillance humaniste contre une arrogance égocentrique que Malcolm McDowell joue à la perfection, dotant chacune de ses apparitions d’une saveur indéniable. Quant à notre tueur masqué, il nage en plein œdipe, errant comme une âme en peine, accompagné de trois figures métaphoriques et éthérées : lui-même encore enfant, sa mère aux allures angéliques et un cheval blanc faussement apaisant.
Michael Myers retrouve un peu d'humanité
S’il continue à tuer avec une violence inouïe (Zombie n’a pas son pareil pour décrire les meurtres les plus dérangeants et les plus brutaux) et si sa force n’a rien à envier à celle de Hulk, Michael Myers retrouve ici l’humanité que la fin du précédent Halloween lui faisait perdre. Ce n’est plus une simple machine à tuer mais un homme au cerveau profondément dérangé. Rob Zombie opte pour une approche psychanalytique frontale, ose (ô sacrilège) montrer son tueur sans son masque et même lui délier furtivement la langue, le temps d’un « die ! » qu’il crie à l’attention de son ultime victime. Cette approche a certes de quoi désarçonner les familiers de la saga Halloween, mais une originalité rafraîchissante s’en dégage, hissant probablement cet opus parmi les meilleurs de toute la série. Les producteurs, eux, ne l’entendirent pas de cette oreille et s’empressèrent d’engager Patrick Lussier pour un Halloween 3D qui ne vit finalement jamais le jour.
© Gilles Penso
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