FANTASTIC FOUR (1994)

La fameuse adaptation des Quatre Fantastiques produite par Roger Corman et immédiatement retirée du marché

FANTASTIC FOUR

1994 – USA

Réalisé par Oley Sassone

Avec Alex Hyde-White, Jay Underwood, Rebecca Staab, Michael Bailey Smith, Ian Trigger, Joseph Culp, George Gaynes

THEMA SUPER-HEROS I SAGA LES QUATRE FANTASTIQUES I MARVEL

Les Quatre Fantastiques, créés en 1961 par les très prolifiques Stan Lee et Jack Kirby, étaient des super-héros longtemps réputés inadaptables à l’écran pour cause d’effets spéciaux trop compliqués. En effet, après un voyage dans l’espace l’ayant exposé à de dangereux rayons cosmiques, notre quatuor se retrouve doté de pouvoirs pour le moins spectaculaires. Reed Richards, chef de l’expédition, est capable d’étirer son corps dans tous les sens comme s’il s’agissait d’un élastique. Sue Storm, sa petite amie, peut devenir invisible à volonté. Johnny, le frère de Sue, a la faculté de s’enflammer et de projeter des flammes à tout va. Quant à Ben Grimm, ami de Richards, il devient carrément La Chose, autrement dit un colosse recouvert de pierres orange ! Avec l’avènement des images de synthèse, une version cinématographique des Quatre Fantastiques devenait envisageable. Or c’est Roger Corman qui, le premier, parvint à en acquérir les droits pour se lancer dans une adaptation pour le moins modeste.

Tout commence par un prometteur générique sur fond étoilé, avec une partition symphonique pleine d’emphase, héritée de Jerry Goldsmith et James Horner. Le scénario, extrêmement basique, prend le parti de la fidélité dans la forme et dans le fond aux pages du comic book. A l’exception du personnage du Docteur Doom, ennemi juré des quatre héros, dont les origines sont modifiées pour être directement liées au personnage de Reed Richards. Autant l’avouer : la réalisation d’Oley Sassone n’a aucun panache, tous les acteurs surjouent sans subtilité, les costumes ressemblent à des pyjamas et les décors minimalistes trahissent le budget sous-dimensionné d’un tel projet. Pourtant, ce Fantastic Four se laisse regarder sans déplaisir, d’abord parce qu’il concrétise un fantasme de bédéphile couvé depuis des décennies, ensuite parce qu’on sent l’envie de bien faire malgré les moyens squelettiques.

Un film maudit

Les trucages, nerfs de la guerre en pareille circonstance, sont certes artisanaux mais souvent inventifs, avec une mention spéciale pour le costume animatronique de Ben Grimm (alias la Chose) plutôt convaincant. L’élasticité de Reed Richards se cantonne à quelques étirements de bras et de jambes furtifs, et l’invisibilité de Sue se concrétise via de simples fondus enchaînés. Johnny Storm, lui, s’enflamme grâce à des effets cartoon pleins de charme, notamment au cours du dénouement où il tente d’empêcher le rayon laser du docteur Doom de détruire New-York. Bref, ce modeste produit Corman vaut bien L’Incroyable Hulk de Kenneth Johnson, et surpasse haut la main les exécrables Captain America et autres Homme-Araignée que les fans de Marvel devaient alors se mettre sous la dent. Hélas, 20th Century Fox ayant décidé de produire sa propre version des aventures des Quatre Fantastiques, autrement plus luxueuse, le film d’Oley Sassone ne fut jamais projeté au cinéma, ni même diffusé ou distribué sur un quelconque support officiel. Résultat : The Fantastic Four version 1994 a disparu de la circulation, et la Fox attendit onze ans avant de proposer une adaptation pas vraiment folichonne. Bref, c’est le spectateur qui en est sorti perdant. Dommage, cette œuvrette sympathique ne méritait tout de même pas un tel bannissement.

 

© Gilles Penso

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