Dans cette adaptation d'un roman de Guillaume Musso, le directeur d'une clinique a le don de prévoir qui s'apprête à mourir
AFTERWARDS
2008 – FRANCE
Réalisé par Gilles Bourdos
Avec Romain Duris, John Malkovich, Evangeline Lilly, Reece Thompson, Glenda Braganza, Sally Taylor-Isherwood
THEMA MORT
Publié en 2004, « Et après » est le second roman de Guillaume Musso, l’un des écrivains français les plus populaires de sa génération. Constellé d’éléments autobiographiques (notamment un grave accident de voiture dont fut victime l’auteur, ainsi que sa découverte de la ville de New York), ce best-seller portait en germe toutes les composantes d’un film palpitant et émouvant, et c’est Gilles Bourdos (signataire de deux autres longs-métrages, Disparus et Inquiétudes) qui fut en charge de le porter à l’écran. Le postulat n’est pas sans évoquer un fameux épisode de La Quatrième dimension, au cours duquel un jeune soldat avait la faculté de savoir à l’avance lesquels de ses camarades allaient mourir au combat, par l’entremise d’une aura lumineuse nimbant les futurs trépassés.
Un pouvoir paranormal tout à fait similaire est en possession du docteur Kay (John Malkovich), le bienveillant directeur d’une clinique qui s’efforce de rendre plus agréable les derniers jours des mourants. Or un jour, Kay rend visite à Nathan (Romain Duris), un brillant avocat français installé à New York qui se donne corps et âme à son travail pour oublier ses blessures passées. A peine âgé de huit ans, Nathan frôla la mort après avoir été heurté par une voiture et connut une expérience extra-corporelle avant de revenir parmi les vivants. Devenu adulte, il s’est marié puis séparé d’avec Claire (Evangeline Lilly), une photographe qui vit désormais recluse avec leur fille dans le désert d’Albuquerque. Lorsque Kay lui annonce qu’il a un important message à lui transmettre, la vie de Nathan s’apprête à basculer définitivement…
Une fleur qui n'éclot qu'une fois par an
La force d’un tel sujet nécessitait une mise en forme ciselée et millimétrée. Esthète indéniable, Gilles Bourdos remporte le défi, dotant Et après d’une élégance et d’une poésie de tous les instants. La photographie de Pin Bing Lee magnifie les extérieurs naturels (notamment l’immense désert blanc du Nouveau Mexique), la musique d’Alexandre Desplat nous transporte sans sombrer dans le pathos, et les comédiens, à l’unisson, sont dans un véritable état de grâce. Romain Duris, à fleur de peau, prouve une fois de plus que son talent ne se limite pas aux sympathiques comédies de Cédric Klapisch (il avait déjà su nous bouleverser dans De battre mon cœur s’est arrêté), John Malkovich se glisse dans la peau du docteur Kay d’un pas feutré et nous hypnotise quasiment à chaque apparition, et Evangeline Lilly, que les amateurs de la série Lost connaissent bien, campe avec beaucoup d’intériorité et de non-dits une femme meurtrie qui s’est refermée sur elle-même… à l’image de la fleur qu’elle cherche à photographier dans le désert, et qui n’éclot qu’une fois par an. Il n’en fallait pas moins pour transcender une intrigue aussi pesante. Car l’ombre de la mort plane sur chaque parcelle du film, une mort sournoise et inquiétante, celle des malades, des enfants, des êtres aimés, bref celle qui terrifie chacun d’entre nous. Certes, Et après n’est pas exempt de quelques pertes de rythme et de longueurs parfois superflues. Mais l’impact du troisième long-métrage de Gilles Bourdos n’en souffre guère, et ses images flottent encore dans les esprits longtemps après son visionnage.
© Gilles Penso
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