Un groupe d'amies noue ses liens en s'embarquant dans une aventure spéléologique qui vire au cauchemar
THE DESCENT
2005 – GB
Réalisé par Neil Marshall
Avec Shauna Macdonald, Natalie Mendoza, Alex Reid, Saskia Mulder, Nora-Jane Noone, Myanna Buring
THEMA CANNIBALES
« Il y a des films d’horreur… Et il y a des films qui font peur… » Tel était le slogan un tant soit peu prétentieux de The Descent. Or, si le film ne révolutionne pas les règles du genre, il faut bien avouer qu’il se révèle d’une efficacité redoutable. Le prologue repose sur le principe classique du trauma, siège de terreurs et de démons que le protagoniste devra affronter de manière décuplée plus loin dans le film, au moment du climax. L’infortunée héroïne promise à ce peu enviable traitement est Sarah (Shauna Macdonald), une trentenaire athlétique qui partage avec ses amies la passion des sports extrêmes. Un jour, revenant d’une expédition en rafting, elle perd son époux et sa fillette dans un accident de la route dont elle sort miraculeusement indemne. Inconsolable, Sarah est prise en charge par ses amies qui, un an après le drame, décident de lui changer les idées en lui proposant une virée spéléologique. Voilà donc nos six jeunes femmes solidement harnachées, en partance pour un massif isolé des Appalaches. Jonchée d’obstacles et de chausse-trappes, cette expédition souterraine à la limite du train fantôme prend bientôt les allures d’un Vertical Limit inversé. On pense alors aux mots de Victor Hugo : « Abandonner la surface soit pour monter, soit pour descendre, est toujours une aventure. La descente surtout est un acte grave. »
Lorsqu’un éboulement bloque le chemin du retour, la ballade entre copines tourne au cauchemar. Mais ce n’est qu’un prélude à l’Enfer. Car nos six sportives ne sont pas seules dans ces ténèbres souterraines. Une horde de créatures anthropophages veille, bien décidée à en faire leur dîner… Si Neil Marshall avait fait preuve d’un goût communicatif pour les monstres classiques à l’occasion de son sympathique mais peu surprenant Dog Soldiers, il foule ici d’autres plates-bandes, gommant ses erreurs de jeunesse en livrant un film d’une noirceur étouffante et d’une précision infaillible. Le génie de The Descent est son jeu permanent avec les peurs les plus basiques de l’être humain : l’obscurité, la claustrophobie, le vertige et surtout l’inconnu.
Les monstres tapis dans l'ombre
Certes, le réalisateur cède à la tentation des « bouh je te fais peur », des entrées de champ violentes, des explosions sonores et de tout l’arsenal habituel. Mais il va plus loin, et bien souvent le spectateur se surprend à éprouver un malaise qui dépasse les effets de l’épouvante traditionnelle, comme s’il était lui-même prisonnier de cette grotte sans issue. Difficile d’imaginer que ce décor, d’un réalisme inouï, fut en réalité reconstitué de toutes pièces aux studios Pinewood. La réussite du film tient aussi beaucoup à la profondeur et à la crédibilité de ses protagonistes. Et si le trauma initial semble sans rapport avec le danger décrit plus loin, il a une vraie résonance sur le comportement de chacune d’entre elles. Quant aux « crawlers », les monstres tapis dans l’ombre, ce sont d’indéniables réussites. Même s’ils n’évitent pas le déjà-vu (on pense beaucoup à la créature de The Creep et au Gollum du Seigneur des Anneaux), ils s’avèrent franchement effrayants, Marshall refusant de recourir à la 3D au profit de prothèses classiques et de prises de vues au shutter qui dotent ces étranges cannibales d’une vivacité proprement surnaturelle.
© Gilles Penso
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