Traumatisé par un drame survenu pendant son enfance, un homme interrompt son traitement médical et se transforme en tueur psychopathe
NIGHTMARE
1982 – USA
Réalisé par Romano Scavolini
Avec Baird Stafford, Sharon Smith, C.J. Cooke, Mik Cribben, Danny Ronan, John L. Watkins, Bill Milling, Scott Praetorius
THEMA TUEURS
Connue également sous le nom de Nightmare, cette perle rare a fait les beaux jours des maniaques de la VHS, un des seuls supports actuels comprenant la version intégrale non censurée (avec un DVD Zone 1 sorti en 2011). Réalisé par un Italien aux Etats-Unis, le film cultive un cosmopolitisme logique, grand écart réussi entre les codes du slasher 80’s U.S. pour les séquences se situant dans le présent (Maniac, Vendredi 13 et Halloween sont cités) et la terreur déviante transalpine 70’s pour ses flashbacks. Il est intéressant de constater que le metteur en scène dresse ainsi un panorama chronologique de l’évolution du cinéma d’horreur. Le spectateur suit au départ le traitement douloureux d’un homme qui souffre de violents cauchemars, traumatisé par un drame d’enfance. Libéré, il arrête de prendre ses médicaments et se révèle être un dangereux psychopathe… D’un postulat de départ banal, Scavolini tire un authentique thriller psychanalytique, qui se révèle être beaucoup plus profond qu’il n’en a l’air. Rythmé par des scènes de meurtres à la violence frontale, le véritable sujet se dévoile par le biais d’un brusque changement de point de vue, quand le fou dangereux croise le chemin d’un enfant.
Là, nous sommes propulsés témoins de la vie d’une famille et de ses dysfonctionnements : la mère individualiste élève ses enfants seule, et délègue au maximum à une baby-sitter, préférant les folles virées en bateau avec son amant. Le jeune garçon manifeste soudain d’étranges comportements, adepte de la blague macabre, criant au loup, arborant des masques glauques ou harcelant ses proies au téléphone. Le b.a.-ba d’un psycho-killer en puissance. Dès lors, la frontière entre les exactions du tueur et les farces de mauvais goût du petit se fait plus ténue, créant une atmosphère de malaise, confortée par d’éprouvants coups d’œil sur le passé du dément.
Déferlement sanglant
La séquence finale lorgne du côté des plus grands moments d’angoisse et de subversion du cinéma de genre (certaines images sont tout aussi inmontrables de nos jours que celles de Simetierre ou des Tueurs de l’éclipse), mettant face-à-face un gamin armé et un boogeyman masqué, dans un déferlement sanglant. A la fois déférent envers ses modèles et avant-gardiste, le film accuse le poids du temps seulement dans la technologie antédiluvienne utilisée par les médecins pour pister leur patient (intrigue parallèle plutôt inutile au demeurant). Le tout dérange et interroge jusqu’à une ultime remise en question plus que surprenante, posant le sujet de la transmission du Mal, implacable révélation qui donne tout son sel à cette curiosité.
© Julien Cassarino
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