BONS BAISERS DE PEKIN (1994)

Une parodie mouvementée mais maladroite de James Bond, réalisée et interprétée par la star de Shaolin Soccer

GWOK CHEEN LING LING CHAT / FROM BEIJING WITH LOVE

1994 – HONG-KONG

Réalisé par Stephen Chow et Lik-Chi Lee

Avec Stephen Chow, Anita Yuen, Pauline Chan, Kar Ying Lau, Joe Cheng, Kam-Kong Wong, Ming Wa Goo, Lik-Chi Lee, Indra Leech 

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION

Le succès planétaire de Shaolin Soccer en 2001 propulsa l’acteur/réalisateur Stephen Chow sur le devant de la scène et incita les distributeurs à ressortir quelques-uns de ses anciens opus, dont ce Bons baisers de Pékin co-réalisé en 1994 avec Lik-Chi Lee. Le titre annonce assez clairement la couleur : nous avons ici affaire à une parodie des aventures de James Bond, et le prologue, délirant à souhait, s’avère très prometteur. Suite au vol d’un crâne de dinosaure d’une très grande valeur par une organisation criminelle inconnue, le gouvernement chinois dépêche un agent secret hyper-entraîné. Hélas, celui-ci succombe sous les balles perforantes de « l’homme au pistolet d’or », un super-vilain redoutable qui porte une armure indestructible à la Robocop.

N’ayant plus d’espion disponible, les services secrets sont donc contraints de faire appel à Ling Ling Chat (autrement dit Zéro Zéro Sept), un jeune homme maladroit qui avait été recalé aux tests de recrutement du gouvernement et officie dès lors comme boucher sur un marché. « Le pays ne m’a donc pas oublié ! » constate-t-il fièrement. « Même une feuille de papier toilette a un usage « , rétorque avec sagesse le commandant qui lui donne son ordre de mission. Mais il y a de la trahison dans l’air, et notre agent virtuose du hachoir ne vas pas tarder à découvrir que Siu Kam (Anita Yuen), la jolie tireuse avec laquelle il fait équipe, a pour mission secrète de le liquider toutes affaires cessantes… Comme on peut s’y attendre, les allusions à Bond abondent (!), du dry martini à la visite de la salle aux gadgets en passant par le méchant aux dents métalliques (et aux poings éjectables façon Goldorak).

« C'est un dinosaure chinois, il aime les enfants ! »

Mais le pastiche demeure très superficiel et ne transcende jamais le matériau imité, comme en témoigne la musique du film, imitation très maladroite du James Bond Theme mais aussi de la B.O. d’Ennio Morricone pour Les Incorruptibles. Finalement, seuls quelques gags réussis surnagent, notamment lorsque Ling Ling Chat utilise une valise à ressorts pour sauter au-dessus d’un mur et bondit en poussant un cri à la Bioman… avant de s’écraser lamentablement contre la paroi. On pourra également s’égayer face à quelques dialogues absurdes (« c’est un dinosaure chinois, il aime les enfants ! ») ou devant des séquences d’une vulgarité assumée (en guise d’anesthésie pendant que sa compagne lui extrait une balle du corps, le héros visionne un film porno avec beaucoup d’enthousiasme). D’une manière générale, l’humour de Bons baisers de Pékin est plutôt faible, voire franchement sinistre (le père abattu sous les yeux de son enfant, les condamnés à mort qui supplient les tireurs de les épargner). La grande erreur du film est surtout de se contenter de ses effets comiques sans jamais chercher à construire une intrigue digne de ce nom. Le scénario n’ayant finalement pas le moindre intérêt (on ne saura d’ailleurs jamais à quoi sert ce crâne de dinosaure), le spectateur a de grandes chances de rester insensible à cette parodie pataude. Cinq ans plus tard, Austin Powers allait fort heureusement offrir à la franchise James Bond une parodie digne de ce nom.

 

© Gilles Penso

Partagez cet article