BEOWULF (1999)

Le cheveu argenté, le regard myope, Christophe Lambert incarne sans aucune conviction un fier tueur de démons

BEOWULF

1999 – USA

Réalisé par Graham Baker

Avec Christophe Lambert, Rhona Mitra, Götz Otto, Oliver Cotton, Layla Roberts, Vincent Hammond, Charles Robinson

THEMA HEROIC-FANTASY

Depuis ses prestations dans les excellents Greystoke et Highlander, Christophe Lambert s’est mué outre-Atlantique en véritable Jean-Claude Van Damme du cinéma épique, promenant sa sympathique trogne dans les nanars hollywoodiens les plus improbables. En la matière, Beowulf s’avère particulièrement gratiné. Cherchant visiblement à séduire les fans de jeux vidéo en suivant la voie tracée par Mortal Kombat (où Lambert nous gratifiait déjà de grands moments d’humour involontaire), ce mixage d’héroïc-fantasy et de science-fiction s’inspire vaguement d’un célèbre poème antique anglais. Nous sommes donc dans un univers hors du temps, à mi-chemin entre le moyen âge et l’âge barbare. Dans la forteresse assiégée du roi Hrothgar, les habitants sont sauvagement assassinés par une créature sanguinaire qui n’apparaît que dans la pénombre, façon Alien.

A cheval sur une noble monture, le visage sévère et le regard myope, Christophe Lambert incarne Beowulf, fils du démon Baal et d’une mortelle. Son objectif : vaincre le mal pour ne pas devenir le mal lui-même. Il entre donc dans le château et ose défier le monstre. Là, il découvre Hrothgar (Olivier Cotton), un roi résigné à son sort, Kyra (Rhona Mitra), une princesse au décolleté affriolant, Roland (Götz Otto), un rival gonflé à la testostérone et affublé d’une mâchoire carrée façon Casper Van Dien, et Will (Brent Jefferson Lowe), un jeune maître d’arme assurant la fonction du faire valoir comique de service. Un lourd secret semble peser sur tout ce beau monde, tandis que le massacre continue et que le monstre apparaît un peu plus précisément, se matérialisant comme dans Predator. Bourré d’armes et de gadgets en tout genre, Beowulf se lance donc à l’assaut de la créature, qui répond au doux nom de Grendel, et qui s’avère être le fruit de l’union du roi avec une belle succube blonde.

Anachronismes et cascades risibles

Les cascades de Christophe Lambert sont assez risible, car il est très facile de déceler les plans où le comédien est remplacé par une doublure, malgré la jolie coupe de cheveux argentée qu’ils ont en commun. L’univers même de Beowulf, sous prétexte d’atemporalité, joue carrément la carte du grotesque, les costumes et accessoires médiévaux s’accompagnant d’éléments lourdement anachroniques : des vestes, des lunettes, des cigares, des paires de rangers, des scies circulaires et – cerise sur le gâteau – des micros assortis de hauts parleurs ! Sans parler de l’insupportable bande originale électro-tecnho-hard rock qui accompagne l’action avec la finesse d’un marteau piqueur. Au cours du climax, Grendel prend la forme d’un démon hideux en image de synthèse, mi chauve-souris mi-crustacé. A l’issue de l’incontournable affrontement final, le monstre périt par le feu, le château en 3D explose, et Christophe Lambert s’enfuit avec la belle, la gratifiant de son inénarrable rire benêt, avant que le générique de fin ne vienne libérer le spectateur d’un trop plein d’inepties. Beowulf est donc un film qui s’apprécie comme une immense blague au second degré, comme un Highlander 3 ou un Vercingétorix auxquels Lambert osa participer sans complexe. Plus tard, Robert Zemeckis répara quelque peu cette injustice en reprenant à son compte le mythe de Beowulf.


© Gilles Penso

Partagez cet article