ALIEN : LA RESURRECTION (1997)

Jean-Pierre Jeunet apporte sa forte personnalité et son style unique à ce quatrième opus de la saga créée par Ridley Scott

ALIEN RESURRECTION

1997 – USA

Réalisé par Jean-Pierre Jeunet

Avec Sigourney Weaver, Winona Ryder, Dominique Pinon, Ron Perlman, Michael Wincott, Dan Hedaya, Brad Dourif

THEMA EXTRA-TERRESTRES I FUTUR I SAGA ALIEN

Par quel miracle la Fox allait-elle parvenir à mettre en chantier un quatrième Alien après qu’Helen Ripley (Sigourney Weaver) ait péri les bras en croix dans un bûcher purificateur à l’issue du troisième opus ? Partisan de la thèse du clonage, le scénariste Joss Whedon (Toy Story) proposa l’idée d’une nouvelle Ripley née des miracles de la génétique. Conscients de la nature hybride de ce clone humain infesté de cellules extra-terrestres, scientifiques et militaires comptent l’utiliser pour mettre au point une arme biologique. Ripley doit donc lutter à la fois contre ces officiels peu scrupuleux, mais aussi contre les créatures qui envahissent le vieux cargo où elle fait équipe à contrecœur avec des contrebandiers patibulaires. Après le désistement de Danny Boyle, c’est Jean-Pierre Jeunet qui s’est retrouvé à la tête de cette superproduction. « Il faut savoir que Delicatessen et La Cité des enfants perdus ont eu un fort impact aux Etats-Unis », nous confie Pitof, superviseur des effets visuels. « La profession et un petit noyau de cinéphiles américains les ont même érigés au statut de films cultes ! La Fox a compris tout de suite que, pour que Jean-Pierre travaille dans les meilleures conditions possibles, il devait s’entourer de son équipe habituelle. » (1)

Du coup, cet épisode a pris les allures d’une Cité des enfants perdus dans l’espace. Entre les histoires de clonage, les décors rétro-futuristes, les séquences sous-marines surréalistes, les coursives obscures, une vision cynique et désabusée de la science, et la présence de Dominique Pinon et Ron Perlman en tête d’affiche, le spectateur familier de l’œuvre de Caro et Jeunet n’est pas vraiment dépaysé. « Les gens de la Fox m’ont justement demandé d’amener mon propre univers, donc la porte était ouverte à toutes les modifications », explique Jeunet. « J’avais même établi un principe, qui consistait à apporter une idée personnelle par séquence, pour que ça devienne vraiment mon film. » (2) Si le réalisateur a donc réussi à marquer de son empreinte la franchise Alien, il n’est pas vraiment parvenu à contourner les clichés inhérents à la saga. Du coup, malgré la nouveauté du traitement, nous retrouvons vite les situations que nous connaissons par cœur depuis 1979 : une poignée de protagonistes fuient dans les couloirs d’un vaisseau spatial, traqués par un alien. Certes, les créatures ont encore évolué. « Leur look est moins bio-mécanique et plus franchement organique que celui de Giger » nous explique Pitof (3). Une scène mémorable nous montre d’ailleurs Brad Dourif qui tente de dompter ces monstres à la salive abondante derrière une vitre.

L'horrible nouveau-né hybride

Le film propose aussi une nouvelle créature, au cours d’une scène pour le moins troublante : un affreux nouveau-né hybride entre l’humain et l’alien, né d’amours interraciales et homosexuelles, et qui dévore sa mère ! Mais ces apports n’empêchent pas Alien la Résurrection d’être le moins innovant des quatre épisodes. Au cours du final, les survivants voguent droit vers la Terre. « A l’origine, le vaisseau devait atterrir sur la Terre du futur », nous révèle le monteur Hervé Schneid. « Mais Jean-Pierre ne savait pas trop comment éviter les clichés, du style désert post-apocalyptique ou cité futuriste à la Blade Runner. Il a même envisagé de filmer le crash du vaisseau au pied de la Tour Eiffel en ruines ! » (4) Moins démonstratif, le dénouement tel qu’il a été filmé nous laisse entièrement imaginer la Terre du futur… et offre une ouverture alléchante pour un cinquième épisode où les aliens attaqueraient notre planète.

 

(1) et (3) Propos recueillis par votre serviteur en février 2002

(2) Propos recueillis par votre serviteur en septembre 2009

(4) Propos recueillis par votre serviteur en décembre 1997

 

© Gilles Penso

 

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