René Manzor orchestre un duel sans merci entre un enfant surdoué et un psychopathe déguisé en père Noël
36-15 CODE PERE NOEL
1990 – FRANCE
Réalisé par René Manzor
Avec Alain Musy, Brigitte Fossey, Louis Ducreux, Patrick Floersheim, François Eric Gendron
THEMA TUEURS
Le fantastique cinématographique de qualité made in France n’était pas légion depuis le début des années 80, malgré quelques intéressantes tentatives de Caro et Jeunet (Le Bunker de la dernière rafale), Francis Leroi (Le Démon dans l’île), Luc Besson (Le Dernier combat), Jean-Jacques Annaud (La Guerre du feu) ou Alain Robak (Baby Blood). Au début de la décennie suivante, René Manzor tenta de renouveler quelque peu le genre. Attiré depuis toujours par le fantastique sous toutes ses formes (comme en témoignent ses participations aux séries L’Auto-stoppeur et Sueurs froides, ainsi que son premier long-métrage Le Passage), Manzor sort du lot avec 36-15 code Père Noël, grâce à une mise en forme soignée et un argument plutôt efficace. Thomas (Alain Musy), un gamin surdoué, passionné d’électronique et d’informatique, doute de tout en bloc. Il remet en cause aussi bien l’existence des hommes préhistoriques que celle de Vercingétorix. Par contre il croit aux extra-terrestres, et à la rigueur il admettrait – s’il existe vraiment – que le Père Noël soit originaire d’une autre planète. Pour en avoir le cœur net, Thomas va utiliser tous ses équipements techniques sophistiqués, dont un fabuleux circuit vidéo, pour le voir et peut-être même le capturer. Ce qu’il ignore, c’est que cette année, sous la robe rouge et derrière la fausse barbe blanche se cache un dangereux psychopathe prêt à liquider tout le monde. Un duel sans merci s’engage donc dans le manoir familial…
Chaque séquence de 36-15 code Père Noël témoigne d’une forte inspiration anglo-saxonne, et au-delà d’un argument de départ qui semble vouloir opérer un croisement étrange entre le slasher des années 80 et Maman j’ai raté l’avion, on sent planer constamment des références au cinéma d’Alfred Hitchcock et Steven Spielberg, références qui viennent dicter bon nombre d’éclairages et de cadrages supervisés par le chef opérateur Michel Gaffier. Sous influence, le cinéaste s’en tire avec bonheur, stylisant sa mise en scène avec beaucoup de savoir-faire, et affirmant une personnalité forte déjà perceptible dans Le Passage. Ici, les effets de suspense et l’exploitation de l’unité de lieu et de temps sont souvent remarquables, même si certaines séquences clipées ont forcément pris un petit coup de vieux.
Une affaire de famille
Les acteurs sont très convaincants, surtout l’incroyable Alain Musy, petit génie déjà présent dans Le Passage, qui s’avère en fait être le propre fils de René Manzor. Une mention spéciale également à Patrick Floersheim, parfait en Père Noël psychopathe au regard glaçant. Les films de Manzor étant des affaires de familles, le cinéaste fait une apparition dans le rôle du responsable de stock d’un magasin, et son frère Jean-Félix Lalanne compose une nouvelle fois la bande originale. Le titre du film est évidemment très daté aujourd’hui, mais il fait office de témoin d’une époque révolue où Internet n’était encore qu’un doux rêve. D’ailleurs, l’affiche portait la mention « le film » pour que le public ne croit pas avoir affaire à une affiche publicitaire pour le minitel.
© Gilles Penso
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