LA FIN DE FREDDY : L’ULTIME CAUCHEMAR (1991)

La saga Freddy s'achève sur une note très décevante, les séquences en 3D n'apportant aucune plus-value à ce final sans panache

FREDDY’S DEAD : THE FINAL NIGHTMARE

1991 – USA

Réalisé par Rachel Talalay

Avec Robert Englund, Lisa Zane, Shon Greenblatt, Lezlie Deane, Ricky Dean Logan, Breckin Meyer, Yaphet Kotto

THEMA RÊVES I SAGA FREDDY KRUEGER

Les amateurs de slashers savent bien que la mort annoncée de leurs croquemitaines favoris n’est souvent qu’illusoire. Après tout, Vendredi 13 chapitre final et Vendredi 13 chapitre 8 : l’ultime retour n’en finissaient plus d’annoncer le trépas très peu définitif de ce bon vieux Jason Voorhees. Ainsi, lorsque New Line se mit à crier au loup avec La Fin de Freddy : l’Ultime Cauchemar, plus personne n’était vraiment dupe (il y eut en effet deux autres séquelles, Freddy sort de la nuit et Freddy contre Jason). Prêts à jouer le jeu malgré tout, nous découvrîmes avec surprise un nom féminin derrière la caméra. Hélas ! Nous ne savions pas encore que le talent et les goûts artistiques de Rachel Talalay étaient à ce point discutables, comme allaient le confirmer Ghost in the Machine et Tank Girl. Car en guise de bouquet final, La Fin de Freddy n’est qu’un pétard mouillé. S’ouvrant pourtant sur une prometteuse double référence à La Quatrième dimension et au Magicien d’Oz, ce dernier rejeton d’une fort inégale série va plus loin encore que ses prédécesseurs dans le registre de la paresse scénaristique.

Les héros sont un nouveau groupe d’adolescents s’efforçant de faire apparaître Freddy Krueger dans le monde réel pour pouvoir le détruire. Ici, le rêve est bien plus un prétexte qu’un moteur dramatique. Des moments potentiellement très riches, comme l’enfance de Freddy, ses relations avec son père, sa fille et sa femme, sont survolés sans profondeur, et la mise en scène de Rachel Talalay, pour propre et carrée qu’elle soit, n’a ni style ni rythme. Quant aux guest-stars qui pointent régulièrement le bout de leur nez (Johnny Depp, Alice Cooper, Roseanne Barr), elles ne font que renforcer le caractère burlesque du film. Nous sommes bien loin de l’atmosphère oppressante des Griffes de la nuit. Ici, l’ambiance est plus propice à la blague potache et au pastiche qu’à la terreur et l’épouvante. La mort de Freddy elle-même, qui évoque celle de Piper Laurie dans Carrie, manque singulièrement de panache. Celle qui lui était réservée à la fin du Cauchemar de Freddy, pourtant provisoire, était autrement plus inventive. Même les effets spéciaux, points forts habituels de la série, s’avèrent passables, en tout cas largement au-dessous du niveau général des épisodes précédents.

Freddy en relief

A l’époque de sa sortie, La Fin de Freddy bénéficia d’un argument marketing propre à amuser la plupart des fans : le relief, alors un peu tombé en désuétude. Ce fut donc le grand retour des lunettes en carton aux verres rouges et bleus. En réalité, seule la dernière séquence du film bénéficie d’effets 3D (le personnage féminin principal chaussant lui-même des lunettes spéciales à ce moment précis pour que le spectateur sache quand s’équiper !). Et si la mise en scène joue dès lors avec la profondeur des décors et les avant-plans, force est de reconnaître que le relief ne dépasse jamais son statut de gadget et ne permet guère au climax de gagner en ampleur et en intérêt. D’ailleurs, lorsque le film fut distribué plus tard en vidéo, la 3D fut supprimée, à l’exception de quelques copies commercialisées en Grande-Bretagne.

 

© Gilles Penso

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