JAMES BOND CONTRE DOCTEUR NO (1962)

La première aventure cinématographique de l'agent 007 le lance aux trousses d'un savant aux sinistres intentions

DR NO

1962 – GB

Réalisé par Terence Young

Avec Sean Connery, Ursula Andress, Joseph Wiseman, Eunice Gayson, Anthony Dawson, John Kitzmiller, Bernard Lee, Jack Lord 

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION I SAGA JAMES BOND

James Bond est né en 1953, sous la plume de l’écrivain Ian Fleming qui injecta dans ses aventures une bonne dose de souvenirs personnels hérités de ses années de service dans les renseignements britanniques pendant la guerre. Le premier roman de la série, « Casino Royale », connaît une adaptation télévisée dès 1954, avec Barry Nelson dans le rôle principal, mais pour inaugurer les aventures de 007 sur le grand écran, les producteurs Harry Salzman et Albert Broccoli optent pour le septième récit écrit par Fleming, un cocktail d’espionnage, d’action, d’érotisme et de science-fiction baptisé « Docteur No ». Armés d’un modeste budget d’un million de dollars alloué par United Artists, les deux hommes ont l’idée géniale de confier le rôle de Bond à Sean Connery. Malgré les protestations de Fleming, qui aurait plutôt vu David Niven dans le smoking de son agent, Connery incarne à merveille cet espion froid et méthodique que l’écrivain décrivait ainsi : « Un visage à la peau brune, aux traits bien dessinés, où se détachait sur la peau hâlée de la joue droite une cicatrice de sept centimètres environ. Les yeux grands et bien horizontaux, sous des sourcils noirs rectilignes et assez fournis. » 

Sa première mission sur grand écran consiste à contrecarrer les plans du sinistre docteur No (Joseph Wiseman), un agent de l’organisation criminelle S.P.E.C.T.R.E. installé dans une forteresse sur l’île de Crab Key, au large de la Jamaïque. Avec l’aide de Quarrel (John Kitzmiller), son contact local de la CIA, et de Honey Rider (Ursula Andress), une magnifique jeune pêcheuse, il infiltre le repaire du savant fou et l’empêche de détruire les fusées lancées par Cap Canaveral. Le film regorge de séquences légendaires, de l’apparition onirique de la sculpturale Ursula Andress émergeant des eaux telle la Vénus de Boticcelli à la très stressante intrusion d’une tarentule dans le lit de James Bond, en passant par l’attaque d’un tank déguisé en dragon cracheur de feu et le climax explosif dans le repaire du docteur No. Le thème musical principal, composé par Monty Norman et orchestré par John Barry, dote l’aventure d’une énergie peu commune, malgré quelques pertes de rythme au cours de la seconde moitié du métrage. 

Raciste, misogyne et anticommuniste ?

Même si Honey Rider dépasse à peine le statut de jolie potiche, et si Quarrel se contente de jouer le rôle du « bon Noir » de service, le film échappe fort heureusement aux dérapages misogynes et racistes auxquels se laissait volontiers aller Ian Fleming. « Les femmes sont faites pour la récréation », pouvait-on lire dans « Casino Royale », ou encore « pourquoi diable ne restent-elles pas chez elles avec leurs casseroles, leurs robes et leurs commérages, et ne laissent-elles pas aux hommes les travaux d’hommes ? » Tandis qu’en découvrant Quarrel dans le roman « Vivre et laisser Mourir », notre héros constatait que, malgré son allure avenante, « le nez épaté et les paumes de mains pâles révélaient le sang noir. » Mais à vrai dire, James Bond contre docteur No fut surtout taxé d’anticommunisme primaire par le Kremlin et de provocation sexuelle et sadique par le Vatican, ce qui ne fit qu’accroître l’intérêt du public et renforcer son colossal succès au box-office, le film rapportant 60 fois sa mise !

© Gilles Penso

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