Le deuxième volet du dyptique Grindhouse permet à Robert Rodriguez de rendre hommage aux zombies et aux films post-apocalyptiques des années 70/80
Deuxième volet du diptyque Grindhouse, Planète terreur s’avère infiniment plus réjouissant que Boulevard de la mort, ne serait-ce que par le foisonnement de ses personnages et de ses rebondissements. Dans une petite ville américaine, William et Dakota Block (Josh Brolin et Marley Shelton), un couple de médecins, constate qu’un nombre croissant de patients est soudain affecté d’une étrange gangrène. Bientôt, de nombreux habitants se mettent à errer dans les rues tels des zombies. Leur peau se décompose, leur regard est vide, et leur appétit anthropophage semble insatiable. C’est ainsi que la go-go danseuse Cherry (Rose McGowan), se fait attaquer en pleine nuit et arracher une jambe. Son ex-petit ami Wray (Freddy Rodriguez) veille sur elle, tandis que l’épidémie se propage à une vitesse alarmante. Pour faire face à l’invasion, Cherry et Wray prennent la tête d’une armée de combattants. Ils vont devoir se heurter aux assauts répétés des mutants cannibales, mais aussi aux militaires de la base voisine qui semblent être à l’origine du fléau…
On n’en finirait plus de citer les œuvres du cinéma d’exploitation auxquelles se réfère Planète terreur, mais au lieu du vague patchwork référentiel auquel il se livra dans The Faculty, Robert Rodriguez nous livre ici un film hommage qui se déguste avec délectation. Le soin tout particulier que le cinéaste apporte à ses protagonistes n’y est pas étranger. Freddy Rodriguez (qui excellait déjà dans la série Six Feet Under) y est un anti-héros extrêmement charismatique, Rose McGowan (également vedette de Boulevard de la mort) et Marley Shelton (que le réalisateur dirigea dans Sin City) s’avèrent irrésistibles, et le reste du casting réserve aux cinéphiles une galerie de trognes familières du plus bel effet (Michael Biehn, Tom Savini, Bruce Willis, Quentin Tarantino).
Une déclaration d'amour à Romero et Carpenter
Visuellement, Planète terreur est une pure merveille, combinant les prises de vues en HD et les effets numériques haut de gamme avec des trucages gore à l’ancienne (particulièrement gratinés) et un traitement de la pellicule digne des copies les plus éculées du plus petit des cinémas de quartier : l’image est rayée, salie, tachée, brûlée, et il manque même une bobine complète au beau milieu du métrage ! Véritable déclaration d’amour au cinéma de genre, le film est sous l’influence permanente de George Romero et John Carpenter (dont quelques extraits de la B.O. de New York 1997 sont d’ailleurs réutilisés). Et si Rodriguez ratait quelque peu son hommage à Zombie dans Une Nuit en enfer, il le réussit ici haut la main, enterrant tous les Resident Evil dans son sillage. De toute façon, comment résister à un film dans le climax duquel une pin-up bondit de sa moto pour mitrailler des soldats mutants décomposés avec sa jambe transformée en mitraillette ? Le fan d’horreur et de science-fiction n’aura sans doute aucun mal à classer Planète terreur parmi les meilleurs films de Rodriguez, un cinéaste attachant mais très inégal qui commença à développer ce projet fou dès 1998 puis l’abandonna en cours de route pour se consacrer notamment à la saga Spy Kids et à la création de sa société de production Troublemakers Studios.
© Gilles Penso
Partagez cet article