LE MONSTRE VIENT DE LA MER (1955)

Tous aux abris ! Une pieuvre géante surgit dans la baie de San Francisco et détruit le pont du Golden Gate…

IT CAME FROM BENEATH THE SEA

1955 – USA

Réalisé par Robert Gordon

Avec Kenneth Tobey, Faith Domergue, Donald Curtis, Ian Keith, Dean Maddox Jr, Chuck Griffiths, Harry Lauter, Del Courtney

THEMA MONSTRES MARINS

Assez impressionné par Le Monstre des temps perdus et par son succès au box-office, le producteur Charles H. Schneer décida en 1955 de se lancer dans un film racontant à peu près la même histoire, si ce n’est qu’une pieuvre géante remplaçait le dinosaure atomique et que San Francisco relayait New York. Schneer réussit à intéresser au projet le génie des effets spéciaux Ray Harryhausen et obtint de lui quelques dessins préparatoires éloquents qu’il présenta à Sam Katzman, afin de trouver un financement. Il parvint ainsi à débloquer quelque 150 000 dollars, un bien maigre budget qu’il géra au mieux, aidé largement par l’inventivité de Ray Harryhausen. Celui-ci passa de longues heures à étudier le comportement de pieuvres réelles en aquarium, afin de reproduire fidèlement leurs déplacements et d’en capter les postures les plus « dramaturgiques ». Par souci d’économie, il construisit un monstre à six tentacules au lieu de huit. « Eviter de construire et d’animer deux tentacules permettait à la fois un gain de temps et d’argent », nous confirme-t-il. « Je pense que personne n’y prête attention, dans la mesure où il y a toujours au moins un tentacule en mouvement ». (1)

Le film commence dans l’océan Pacifique, où un sous-marin dirigé par le capitaine Pete Mathews (Kenneth Tobey) est attaqué par une force radio-active inconnue. Le docteur Lesley Joyce (Faith Domergue, héroïne des Survivants de l’infini) pense que le submersible est entré en collision avec une pieuvre gigantesque. De fait, un gros morceau de chair irradiée est retrouvé accroché au bâtiment. La taille de la créature semble due à des particules radio-actives qu’elle aurait absorbées. Bientôt, le monstre fait surface à la baie de San Francisco… Le maire de la ville ayant interdit au réalisateur Robert Gordon et à son équipe de filmer le pont du Golden Gate, promis à un sort cataclysmique dans le scénario, une grande quantité de stock-shots d’archive et de maquettes furent mis à contribution. En mêlant habilement la figurine animée, les décors miniatures et les prises de vues réelles, Harryhausen nous offre des visions dantesques comme celle où le monstre tentaculaire attaque un navire en pleine nuit, une image qui semble issue des gravures du siècle dernier dans lesquelles le légendaire Kraken engloutissait d’infortunés bâtiments.

Une version moderne du Kraken

Le clou du film demeure cependant la destruction du Golden Gate Bridge, cédant sous les assauts répétés des infernaux tentacules. A l’origine, il fut question de tourner le film en relief, un procédé très en vogue à l’époque, mais le temps et l’argent nécessaires à une technique de ce type jouèrent finalement en sa défaveur. Pour se placer dans la mouvance du succès d’It Came From Outer Space (Le Météore de la nuit) de Jack Arnold, le film, baptisé pendant le tournage « The Monster From the Sea », est retitré pour sa sortie It Came From Beyond the Sea. Présenté en double programme avec La Créature au Cerveau Atomique d’Edward L. Cahn, le film de Robert Gordon se comporte plutôt bien au box-office, sans atteindre cependant les scores de celui du Monstre des temps perdus, dont il demeure une imitation un peu appauvrie.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en février 2004.

© Gilles Penso

Partagez cet article