DES MONSTRES ATTAQUENT LA VILLE (1953)

Cette histoire de fourmis titanesques modifiées par l'atome a lancé la mode des films d'insectes géants

THEM !

1953 – USA

Réalisé par Gordon Douglas

Avec James Whitmore, Edmund Gwenn, Joan Weldon, James Arness, Onslow Stevens, Sean McClory, Chris Drake

THEMA INSECTES ET INVERTEBRES

Avant d’attaquer le tournage de Them !, Gordon Douglas avait déjà réalisé une bonne soixantaine de longs métrages, avec une prédilection pour l’aventure, le western, le film de guerre et le polar. Dire que l’homme avait déjà roulé sa bosse est donc un doux euphémisme. Nerveuse, sans apparats, sa mise en scène colle à merveilles à ce « monster movie » imaginé par le scénariste George Worthing Yates (futur auteur de quelques classiques du genre comme Le Monstre vient de la mer, Les Soucoupes volantes attaquentLe Fantastique homme colosse ou King Kong contre Godzilla). Une voiture-patrouille de la police arrive dans une région désertique des Etats-Unis. Là, des policiers découvrent une maison saccagée. Peu après, l’un d’eux meurt mystérieusement, tandis que ses collègues rencontrent une petite fille traumatisée par une terrifiante apparition, qui se contente de répéter inlassablement « Them ! Them ! Them ! » (autrement dit « Elles ! »). Il faut finalement se rendre à l’évidence : des monstres hantent la région. Ces créatures s’avèrent être des fourmis ayant atteint des proportions gigantesques à la suite d’une mutation provoquée par une explosion atomique. Un groupe de savants descend dans la colossale fourmilière où les monstres cachent leurs œufs. Mais les insectes géants, malgré leur taille, se faufilent partout et se reproduisent très rapidement. Un navire est bientôt envahi, et les transporte jusque dans les égouts de New York. La police et les chercheurs vont tenter de les éliminer tout en sauvant deux enfants égarés dans les égouts.

Des monstres attaquent la ville est le pionnier d’une très longue série de films sur les insectes géants, dont il se distingue par sa mise en scène convaincante et son scénario novateur (si l’on excepte l’origine atomique des monstres et la jolie fille du savant, deux clichés inusables dans le genre). Le prologue, situé dans un désert sombre et sinistre, distille avec efficacité une angoisse lancinante. Les cliquetis inquiétants et stridents que produisent les créatures, le souffle lugubre du vent, la petite fille prostrée incapable d’expliquer ce qu’elle a vu, les différents endroits dévastés par des êtres apparemment gigantesques sont autant d’éléments alimentant cette atmosphère pesante. Lorsque paraît enfin l’un des monstres, le réalisme n’est pas celui escompté.

Un succès inespéré

Car la technique consiste ici à filmer des répliques mécaniques grandeur nature de fourmis, ce qui s’avère moins payant, en matière de crédibilité, que l’usage de figurines animées image par image, ou l’incrustation de véritables insectes filmés en macro. Mais le résultat reste très au-dessus de la moyenne, grâce à un jeu astucieux sur l’éclairage, le découpage et la bande son. La visite de la fourmilière, l’attaque nocturne des monstres sur le navire, ou l’invasion finale des égouts figurent parmi les moments forts du film. Warner Bros envisageait à l’origine de tourner le film en couleurs et en relief, mais les producteurs se ravisèrent finalement, peu enclins à gonfler le budget d’un film à l’impact financier incertain. Des monstres attaquent la ville fut pourtant le plus gros succès du studio en 1954.


© Gilles Penso

 

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